ERNAUX, ANNIE
« Je nai jamais rien su de ses activités qui, officiellement, étaient dordre culturel. Je métonne aujourdhui de ne pas lui avoir posé plus de questions. Je ne saurai jamais non plus ce que jai été pour lui. Son désir de moi est la seule chose dont je sois assurée. Cétait, dans tous les sens du terme, lamant de lombre.
Jai conscience de publier ce journal en raison dune sorte de prescription intérieure, sans souci de ce que lui, S., éprouvera. À bon droit, il pourra estimer quil sagit dun abus de pouvoir littéraire, voire dune trahison.
Je conçois quil se défende par le rire ou le mépris, je ne la voyais que pour tirer mon coup. Je préférerais quil accepte, même sil ne le comprend pas, davoir été durant des mois, à son insu, ce principe, merveilleux et terrifiant, de désir, de mort et décriture. »